L’histoire du théâtre à Cambrai

Revenons un peu sur l’histoire du théâtre à Cambrai.

 Au XVIIIe siècle, les Cambrésiens pouvaient se divertir dans une salle de spectacle appelée « La Comédie » qui avait été aménagée dans une grande maison située rue des Scachebeuvrons,

aujourd’hui rue du Petit Séminaire à l’emplacement de l’école Gambetta.

Cette salle, inaugurée en 1773, présentait un décor de style Louis XV rouge et or qui ne manquait pas d’une certaine élégance.

On pouvait accueillir près de 1000 spectateurs répartis dans des loges de 10 places. Fabre d’Eglantine vint s’y produire en 1782, il était alors directeur du théâtre de Douai,

il mourut guillotiné. Durant la période révolutionnaire ce théâtre est utilisé pour produire des pièces civiques. Joseph Lebon s’en approprie et oblige à la population locale d’assister

à des spectacles des plus sanglants mais gratuits !...

Au lendemain de la Révolution Française, cette salle est inutilisable, elle est définitivement fermée en 1815. En 1817, elle est englobée dans la réalisation du petit séminaire et transformée en chapelle…

En 1811, la visite du préfet le baron Duplantier impose la construction d’un théâtre digne de ce nom.

 Le préfet suggère le réemploi des pierres de l’ancienne cathédrale et de l’édifier à l’emplacement de la Métropole. Le maire Alexandre Frémicourt charge Dewarlez d’en réaliser les plans.

Ceux-ci ne conviennent pas, en 1816, il en est à son quatrième projet….  

En attendant, pour distraire la garnison anglaise qui occupe la ville, on dresse en 1816, une baraque en planches sur la Place-au-Bois.

Cette salle provisoire n’eut qu’une courte durée.

 En effet, l’entrepreneur Pierre-Maurice Ronnelle, ancien officier d’artillerie, lance une souscription pour la construction d’un théâtre sur la parcelle de terrain qu’il a acquise

à l’emplacement de l’ancien archevêché (voir précédent article sur la place Fénelon). Ce bâtiment présentait une façade de 15 mètres de long sur 29 mètres de profondeur

 qui se trouverait aujourd’hui à l’emplacement des bureaux de la Sous-Préfecture. Pierre-Maurice Ronnelle propose de vendre son théâtre à la municipalité qui décline cette offre estimant

que cette salle est « construite sans goût et sans solidité ». Après l’ouverture du théâtre de la place Verte, cette salle servit d’école mutuelle et comptait 149 élèves en 1839.

Le nouveau maire Béthune-Houriez demande alors à l’architecte André de Baralle de dresser les plans qui sont adoptés. Le théâtre est réalisé à l’emplacement de la Place Verte,

nom donné par la présence des nombreux tilleuls qui l’ombraient. La première pierre est posée le 21 avril 1829, il est inauguré en 1831. Dans le procès-verbal de cette cérémonie,

il est dit que sous le perron est scellé dans une niche un coffre en plomb contenant diverses pièces de monnaies, des médailles datées de 1829 et une copie des plans du théâtre.

De style néo-classique celui-ci est marqué par un avant-corps central à colonnades couronné d’un fronton triangulaire orné d’un décor sculpté. S’ouvrant sur la Place Fénelon,

trois larges portes cintrées en donnent l’accès. C’était un théâtre dit à cage ouverte, car sa façade est percée de larges fenêtres, ce modèle est plus courant en Angleterre.

 A l’intérieur, ce théâtre à l’italienne présente trois rangs de galeries et huit cents places. On y installe l’éclairage au gaz en 1842 et électrique en 1898. La saison dure alors du 15 octobre

 jusqu’à Pâques, on y produit à la fois des spectacles de comédie et des œuvres lyriques ; d’après les sources aucune représentation ne laisse de souvenirs impérissables.

 En 1894, l’ouverture de la Salle des Concerts place Thiers, notre actuel théâtre, lui fait concurrence.

 Cependant, les anciens parlent avec émotions du théâtre de la place Vert. Ils se rappellent les représentations scolaires, la traditionnelle distribution des prix et des combats de boxe

qui eurent lieu dans cette salle. Dans un triste état et faisant double emploi, le théâtre de la Place Verte est démoli en 1958 pour faire place à la résidence Fénelon.

Texte : Annie Lefebvre

Le Théatre juste avant démolition

Sources :

"La vie des Cambrésiens » Jean Dauvegis,

 Pierre-Maurine Ronnelle 

André Leblon dans Jadis en Cambrésis N°58,

 « Dictionnaire historique » E. Bouly, « Histoire de Cambrai » L. Trenard